Damas-SANA/ Le Musée national de Damas accueille l’exposition « Détenus et disparus », organisée par la plateforme « Mémoire créative de la révolution syrienne », sous les auspices du ministère de la Culture et de la Direction générale des antiquités et des musées.
L’exposition, qui durera jusqu’au 6 juin, documente les souffrances du peuple syrien dès les premières arrestations en 2011 jusqu’à la chute du régime en décembre 2024. Récoltant les fruits de 14 ans de travail, la directrice de la plateforme « Mémoire créative de la révolution syrienne » l’artiste Sanaa Yazaji a concrétisé ses efforts pour documenter la tragédie des Syriens via l’art.
L’exposition explore les moments cruciaux de la souffrance syrienne tout au long de 14 ans, dès les premières arrestations, jusqu’à l’art en prison, l’utilisation d’armes chimiques à la Ghouta, les abattoirs humains, les listes de mort, les procès pour arracher la justice et enfin, la chute du dictateur en 2024-2025.
Le ministre de la Culture, Mohamad Yassin Saleh, a souligné l’importance de l’exposition parallèlement avec la promulgation du décret loi sur la création de la commission nationale pour les personnes disparues, soulignant la culture ne s’établit que sur des vraies bases et pas de dignité sans donner aux disparus leur droit de reconnaissance.
Il a également annoncé une récompense pour ceux qui ont contribué à la protection du Musée national pendant les années difficiles du conflit.
Le chargé d’affaires allemande en Syrie a indiqué que « Le simple fait d’être ici, d’organiser l’exposition dans ce lieu et de parler ensemble librement du passé, du présent et du futur est un moment très important ».
Al-Yaziji a souligné le symbolisme de l’homme atomiseur qui a écrit les premiers slogans de liberté sur les murs, le considérant comme une incarnation de ce moment, dans lequel l’art a joué un rôle fondamental dans la formation de la conscience, la dénonciation de la violence et l’établissement d’une nouvelle conscience qui fait bouger la société.
Il convient de noter que la plateforme « Mémoire Créative » a été créée en 2013 en tant qu’archive numérique indépendante documentant les formes d’expression artistique et intellectuelle libre qui ont émergé en Syrie depuis le déclenchement de la révolution. Il s’agit d’une plateforme en développement continu, visant à préserver la production créative syrienne.
En fin de compte, l’art est toujours capable d’exprimer et de documenter en transformant la douleur en un acte créatif et les peintures exposées ne donnent pas seulement aux victimes une présence symbolique, mais contribuent plutôt à construire une mémoire collective qui incarne les violations, transmet les témoignages et restaure aux victimes leur place dans la conscience publique.
W.H./ R.B.